Un petit mot de présentation ?
Je suis Damien Delbende, j’ai créé une boîte de conseil pour les entreprises du BTP. Avec mes associés, nous avons deux marques : Data Efficiency pour les grands groupes, et Data4BTP pour les plus petites PME qui n’ont pas exactement les mêmes problématiques. D’un côté, les grands groupes souhaitent exploiter toute la donnée qu’ils ont déjà et qui est très volumineuse. D’un autre côté, les PME souhaitent utiliser des outils adaptés à leur activité et le plus proche du terrain pour digitaliser leur process.
La boite a 3 ans, et nous sommes 3 à nous partager les rôles de chef de projet, data ingéneur, data analyst, data scientist. De mon côté, je porte le rôle de UX designer. Ce rôle consiste à designer les outils sur mesure que l’on propose. Avec Data4BTP, on installe aux PME des logiciels qui existent déjà sur le marché la plupart du temps, comme Odoo par exemple pour la partie CRM, ou bien Kizeo pour la partie formulaire terrain. Mais sur le sujet du chiffrage, il n’existe pas vraiment de logiciel adapté à la complexité de ce sujet. C’est donc pour ça que l’on a fait appel à vous : pour nous aider à designer un outil vraiment percutant et pertinent pour les PME du BTP.
Le sujet du chiffrage, c’est un sujet difficile. J’ai commencé à travailler sur ce sujet lorsque j’étais chez Bouygues il y a 15 ans. Chaque chantier est toujours différent. Il y a des nouveaux matériaux, des nouvelles conceptions, de nouvelles configurations, et les architectes s’en donnent à cœur joie. Donc à chaque fois, il faut bien étudier le projet pour ne rien louper. Alors si tu passes trop de temps à étudier le projet pour chiffrer, tu dépenses de l’argent souvent à vide parce que tu n’en gagnes pas toujours. Et si tu n’étudies pas assez, tu as des risques de te tromper. Et puis, au moment du chantier, tu t’en mords les doigts parce que tu découvres que tu avais oublié certaines choses.
Donc le chiffrage, c’est un bon dosage entre étudier bien le projet, mais pas trop non plus pour ne pas être à perte.
Pour les PME, ce n’est pas facile de savoir gérer cet aspect de chiffrage, parce qu’il faut essayer d’avoir une base de données de prix qui soit exhaustive, qui corresponde bien à leur activité, personnalisée. Et qui vie, car chaque année, on a même des évolutions de prix, des évolutions de produits.
Donc la solution SWITCH qu’on a développé avec vous, elle répond à tout ça.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur SWITCH ?
Digitaliser l’activité de chiffrage, c’est réaliser pas mal de choses différentes. Tout d’abord, on essaye de récupérer la trame du client. Pour recevoir des appels d’offres, il est obligé de répondre dans une trame qui s’appelle le DPGF. Plutôt que de la taper à la main, on a trouvé un système où on va collecter ce document, on récupère la mise en forme et le chiffrage s’inscrit directement dans cette trame-là. Cela fait déjà gagner facilement 2h sur un chiffrage.
Ensuite, parler avec de l’intelligence artificielle va permettre de faire le mapping entre ce que le client a demandé et la base de prix. Et ça, c’est aussi un gain de temps qu’on peut estimer à 3 ou 4h.
Enfin, on fait une passe pour arriver à valider tout ce qui a été chiffré automatiquement. On fait des ajustements, on peut affiner la manière de chiffrer en termes de main d’œuvre, de cadence, de produit, ou bien faire des variantes. On peut récupérer des morceaux de chiffrage qu’on avait réalisé dans d’autres contextes et on envoie ensuite le chiffrage directement dans le CRM. Le CRM, lui, va formater le devis, gérer la relation client.
Donc avec SWITCH, nous avons vraiment poussé au bout l’automatisation de la partie chiffrage et je pense que cela va permettre aux PME de répondre à 2 fois plus d’appels d’offre dans un même temps.
Pourquoi avoir choisi R Shiny plutôt qu’une autre technologie ?
C’est une bonne question. Je suis allé voir dans nos échanges au début du projet, et nous nous étions posé ce genre de questions. L’argument que tu m’as expliqué était que développer avec une certaine technologie pouvait avoir des avantages, mais que pour maintenir le tout, il faudrait avoir besoin de plusieurs compétences qui ont chacune leur partie de code sur le backend, front end, etc. Donc cela allait être finalement beaucoup plus lourd, là où le développement en Shiny est bien plus complet. Shiny peut maintenir l’ensemble de l’application. Cet argument m’avait convaincu.
En revanche pour sortir en production, il fallait quand même faire les choses bien. J’avais déjà développé des applis en Shiny. Et je m’étais pris des petits murs. Avec des packages qui disparaissent, avec des lenteurs, avec des données qu’on arrivait plus à récupérer. Je savais qu’il fallait un partenaire qui connaissait un peu comment mettre en production une appli Shiny. C’est donc pour ça que je m’étais tourné vers toi.
J’avais également regardé avec d’autres concurrents spécialisés sur Shiny, comme par exemple Appsilon, dont le ticket d’entrée était de 25000€. A mes débuts, je savais que ça allait être un projet sur le long terme, assez innovant, qui allait disrupter le chiffrage pour les PME, mais je n’avais aucune idée d’un cahier des charges bien fixé et n’était pas prêt à investir 25000€ dès le début. Donc tu t’es adapté, tu m’as dit on va progresser avec un petit volume au début pour te laisser le temps de bien concevoir la chose. Puis petit à petit, on a accéléré, ou élargi la bande passante avec l’apport de Marc-Aurèle notamment. Et cette flexibilité au départ a permis au projet de décoller et en même temps de suivre mon rythme de conception. Parce qu’au final, ce projet est un side-project.
Comment s’est passé la collaboration ?
L’expertise Shiny est vraiment là et je l’avais déjà vu sur un autre projet. A l’époque où nous avions travaillé ensemble, j’avais été bluffé sur l’aspect design. Parce que vous aviez réussi à faire une appli Shiny qui était vraiment aux couleurs du client, avec un design particulier. Et ça, ça a été très apprécié.
Dans le cas du projet SWITCH, c’est plutôt l’aspect technique que j’ai remarqué. Parce qu’il y a des arborescences avec R data.tree
et shinyTree
qu’il faut arriver à manipuler. On veut que le chiffrage soit très versatile, et qu’il puisse être transformé en grille de gestion. Il faut donc pouvoir manipuler l’arbre : c’est cette partie très technique sur laquelle vous avez assuré.
La partie peut être un peu plus frustrante vient dans le fait que je ne comprenais parfois pas vos choix techniques. Par exemple, pourquoi faire un fichier avec des fonctions affichées helpers à un endroit, puis utiliser des classes R6 dans un autre, faire un fichier source à un troisième endroit. Néanmoins, je vous ai fait confiance malgré ces quelques incompréhensions. Peut-être qu’un peu plus d’explications m’auraient aidé à comprendre. Et peut-être pour moi aussi, si j’ai de la maintenance à faire, il faudra que je tende à rester dans cette ligne directrice que vous avez essayé de mettre dans votre façon de coder. Car Shiny peut être codé de pleins de manières différentes.
Quel avenir pour le projet SWITCH ?
Maintenant, il va falloir que je vende le produit. On le propose d’ici un mois chez un premier client. On va valider, faire le test du terrain. Et puis si le client apprécie, on va proposer l’application de manière un peu plus massive. A ce moment-là, je reviendrai vers toi pour ajouter de nouvelles fonctionnalités qui seront demandées.
Pour l’instant on ne va pas encore le proposer largement. On le propose à quelques happy few. Cela nous permet de suivre comment ils se l’approprient, s’il y a des choses à changer. C’est la V2 qu’on proposera le plus largement, peut être en version gratuite, d’essai ou je ne sais pas. Mais cela s’inscrit pour nous dans une stratégie. En effet pour les clients qu’on accompagne, on ne leur installe pas seulement l’appli de chiffrage. On installe tout un écosystème avec la gestion du client, avec la collecte des données du terrain, ainsi qu’un portail de gestion. On va vraiment gérer la performance des chantiers. Et l’application est une quatrième brique qui vient s’intégrer pour arriver à coordonner et à recycler les données du terrain dans le chiffrage. Donc c’est tout un écosystème qu’on propose. C’est pour cela que ça met un peu de temps à s’installer. Après, il est également possible que les clients soient intéressés juste par la partie chiffrage. Affaire à suivre…
Commentaires